Collection S.K. - Lot 7

Lot 7
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Estimation :
20000 - 25000 EUR
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Collection S.K. - Lot 7
Collection S.K. MOEBIUS L'INCAL, UNE AVENTURE DE JOHN DIFOOL Les Mystères de l'Incal, Les Humanoïdes Associés 1989 Planche originale n° 2 du récit Une aventure de John Difool. Signée. Encre de Chine et gouache blanche sur papier 32,4 × 42,8 cm (12,76 × 16,85 in.) Cet épisode ressort de la plus pure tradition des « origines » des super-héros. Le génie du tandem Moebius-Jodorowsky repose avant tout sur la fusion unique de deux imaginaires complémentaires : celui de Jodo, scénariste mystique et démiurge, fils d'un père communiste athée et d'une mère juive dévote, nourri de psychanalyse, de tarot et de philosophie gnostique ; et celui de Moebius, dessinateur visionnaire capable de traduire ces concepts en un monde graphique d'une pureté hallucinée. Ensemble, ils inventent un mythe moderne. Cette planche, dessinée par Moebius, prolonge l'univers imaginé par Alejandro Jodorowsky. Elle s'inscrit à la charnière entre le récit fondateur L'Incal et celui de La Caste des Méta-Barons, dont elle illustre un moment essentiel : le rite d'initiation de la lignée des Méta-Barons, ces guerriers ultimes, issus d'une longue transmission de violence et de perfection. Dans cette séquence dépouillée, tout est contenu dans la tension du geste. Un père, impassible, soumet son fils à une épreuve de douleur absolue. Par un acte sacrificiel, il lui arrache une partie de l'oreille et du lobe cérébral. Ce n'est pas une punition, mais un rite de passage, un héritage de souffrance qui se transmet « depuis la nuit des temps ». Le père interroge : « Tu ne pleures pas ? » - et le fils, stoïque, répond qu'il n'a versé aucune larme, pas plus que son père lors de sa propre initiation. La scène est ensuite commentée par deux robots, Tonto et Lothar, archivistes de cette mémoire guerrière, qui en révèlent le sens : chaque Méta-Baron a été mutilé par son père, selon une tradition ancestrale censée renforcer l'être, en le privant d'une part de son humanité. Cette répétition du traumatisme fonde la mythologie tragique du Méta-Baron, à la fois héros, victime et gardien d'un code d'honneur démesuré. Graphiquement, Moebius choisit la pureté du trait et la rigueur du découpage : lignes nettes, absence de décor superflu, intensité dramatique contenue dans la posture et le silence. Tout repose sur la clarté symbolique du dessin, sur cette tension entre sérénité et cruauté. Cette planche appartient aux Mystères de l'Incal, mais relate surtout le rite d'initiation du Méta-Baron, épisode fondateur de la dynastie guerrière imaginée par Jodorowsky et développée par Gimenez.
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